Venin Carmin en concert -Toï Toï Le Zinc

Venin Carmin en concert le 28 février 2020

Publié le Salle de spectacles

A la suite d’une semaine de résidence Toï Toï pour préparer leur nouveau set, le trio coldwave / dark pop / synthpunk Venin Carmin sera sur scène le vendredi 28 février.

On a rencontré Lula et François un soir, qui nous ont parlé de l’évolution du groupe et de leurs projets futurs. Bonne lecture

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Quel est votre style musical ?

Lula : Pour nous c’est difficile à dire, en général ce sont les autres qui le définissent. Mais on dirait qu’on est entre la coldwave, la dark pop et parfois même le synthpunk dans nos morceaux qui sont très énergiques. Ce qui unifie d’avantage notre musique, c’est une ambiance très sombre et énervée, avec aussi des morceaux qui seront plus calmes et coldwave. Libre aux gens de mettre l’étiquette qu’ils veulent, nous ça nous importe peu.

François : Il y a des morceaux lanscinants avec un côté rituel, « witchy », comme il y en a d’autres plus actuels, plus ancrés dans le réel. Un peu comme une Blondie française qui serait passée par la synthwave.

Quel est le rôle de chacun.e dans le groupe ?

Lula : François est au synthé et aux back vocals. Valentine est au synthé également et au pad, et moi je suis à la basse et au chant principal.

Comment s’est formé le groupe ?

Lula : Au début c’était juste moi en solo, puis c’est devenu un duo avec François quand je suis arrivée sur Lyon. Ensuite Valentine nous a rejoint, pour la formation maintenant définitive, la plus cohérente et celle avec laquelle on se sent le mieux sur scène, c’est-à-dire un trio.

François : Auparavant, je faisais quelques sons de synthé mais je n’étais pas du tout clavieriste. Avant de rencontrer Lula, j’ai écouté son premier album Glam is Gone qui m’a été envoyé par plusieurs personnes me disant qu’elle cherchait des gens avec qui jouer. Ça m’a beaucoup plu et j’ai réellement appris le synthé pour ce projet. Il nous fallait une troisième personne, on en a eu quelques-unes de passage sur des concerts mais c’est avec Valentine qu’on a le mieux réussi à « lier » le groupe.

Quelles sont vos principales influences ?

Lula : C’est une question qui est délicate car on écoute chacun une pluralité de choses et je ne sais pas à quel point elles s’entendent dans ce qu’on fait. Les principales influences, ce sera tout ce qui est sombre, new wave, coldwave et certainement avec un twist pop car on en écoute tous dans une certaine mesure.

François : Avec Lula on a quand même globalement un background commun, même si on a pas exactement le même univers. Valentine nous a apporté de nouvelles choses même si on a aussi des bases communes avec elle. Elle a été ingé son et vient du milieu electro moins alternatif et indé, mais au final c’est ce qui a apporté une pêche à nos morceaux. Grâce aux musiques qu’elle écoutait et que nous avions juste effleuré de notre côté, elle avait une maîtrise technique en plus sur certains instruments électroniques.

Qu’est-ce que vous voulez transmettre avec vos chansons ? Est-ce que ce sont plutôt les chansons de Lula ou de Venin Carmin ?

Lula : Même si c’est moi qui écris et que je sais précisément de quoi mes paroles parlent, tout le groupe s’approprie les chansons et ceux qui nous écoutent aussi. Je ne sais pas exactement ce qu’on veut transmettre. Peut-être juste une esthétique différente, faire vivre une scène qui nous appartient. C’est peut-être égoïste, c’est un de nos moyens d’expression pour dire qu’on existe.

François : Quand on est sur scène on donne quelque chose à quelqu’un, et quoi qu’il se soit passé on ne peut pas le retirer. Si les gens n’ont pas apprécié ou pas compris, c’est que ça n’a pas marché. Camille apporte un propos et on l’offre au public avec une énergie. On a réussi si les gens se disent que les textes ont été écrits pour eux.

Lula : Les textes parlent en général de la complexité des relations, de l’injustice de certains moments. Le second album, Constant Depression, a des textes engagés avec une vision féministe sur un tas de choses que je trouvais intolérables. Si ça se trouve, certains ne vont pas saisir ce propos mais vont se dire autre chose. On a jamais rien d’autre à offrir et à transmettre que ce qu’on est.

François : Il y a une idée de la femme assez intéressante que véhicule Camille par ses textes. Je n’ai pas les clés pour tout comprendre, en tant qu’homme et d’autre part parce-que Camille aime bien entretenir un mystère par rapport à ça. Mais je pense qu’elle essaie de défendre une certaine image de « La Femme » qui inclut aussi tout le milieu LGBTQI+.

Lula : Je suis plus dans un discours comme « foutez la paix à toutes les femmes, respectez-les toutes ». Rien que le fait qu’on soit deux femmes avec un mec pas toxique, tous situés au même niveau sur scène, c’est quelque chose d’important à défendre, parce-que dans le milieu musical c’est pas gagné. En tant que nana, tu es soit là parce-que tu es mignonne, soit parce-que tu as été pistonnée. Quand tu sors de scène après 1h de concert tu as toujours des tocards qui viennent te complimenter pour absolument tout, sauf pour ce que tu viens de faire, ou bien te donner des conseils musicaux. Pour la scène LGBTQI+, c’est effectivement un milieu dans lequel on gravite mais ce n’est absolument pas quelque chose qu’on va revendiquer et on ne veut pas s’en servir de manière malhonnête.

Comment se passe la création de vos morceaux et l’écriture de vos textes ?

Lula : Pendant la précédente période, c’est moi qui composais et écrivais tout. Sur le 3e album qui est en préparation, j’ai commencé à composer avec Valentine et on prévoit de futures sessions avec François aussi. Je pense que ce troisième album sera vraiment pluriel. J’écris toujours les textes, néanmoins si François en propose un avec une idée de compo et que ça plait à tout le monde, c’est complètement envisageable.

François : Il nous a fallu le temps de trouver un mode de fonctionnement. Dans le troisième album, Lula nous offre un peu plus de place pour soutenir ses textes.

Vous avez aussi fait une reprise de la chanson de la chanson “Zéro Pointé vers l’Infini” de Charlotte Gainsbourg, comment cela vous est venu ?

Lula : C’est une reprise que j’avais besoin de faire à un moment de « down ». Cette chanson me parlait beaucoup à ce moment-là. Aussi, je trouve que faire une reprise, c’est quelque chose d’intéressant quand tu la mets vraiment à ta sauce, quand tu l’emmènes dans ton monde. Je trouve qu’il n’y a pas de mérite à faire une très bonne reprise d’une bonne chanson sans la travailler pour la faire entrer dans ton univers.

Quelles différences musicales y-a t-il entre votre premier album et le nouveau ?

Lula : Le premier album avait volontairement un son très 80’s car toutes les boîtes à rythmes étaient des samples de morceaux de cette période qui me plaisaient. Le second a été composé avec ces mêmes boîtes à rythmes et je pense qu’il aura toujours ce côté sombre, mais quelque chose d’un peu plus moderne dans le traitement du son. Il va rester fidèle à  ce qu’on a fait avant, c’est-à-dire que tu auras un morceau qui sera une ballade totalement sombre, un morceau plus énergique, un morceau toujours dans cette « witchy pop »…

François : Je pense qu’il y a un truc qui a évolué, notamment dans ta manière d’écrire et dans ta manière d’être.

Lula : Il est plus assumé et plus énervé dans mes paroles, ça a aussi à voir avec l’évolution personnelle qu’on a tous. Je n’étais pas à Lyon pendant la compo du premier, et une fois arrivée ici j’ai fait des rencontres extraordinaires. Je suis arrivée dans un milieu où j’ai découvert des personnes de toutes les minorités opprimées qui m’ont permis de me déconstruire. Peut-être que le côté énervé s’en ressent parce-qu’ avec l’aide de ces personnes, j’ai touché du doigt tout ce qui me faisait me sentir mal avant mais que je ne savais pas expliquer.

Qu’espérez-vous retirer de cette résidence à Toï Toï ?

François : On va faire un travail sur la scène, le son, le nouvel album pour amener un nouveau set. Aussi beaucoup de travail de technique avec Valentine sur les instru électroniques, pour arriver à vraiment équilibrer les choses au niveau du son et proposer, finalement, un nouveau spectacle.

Lula : On est toujours perfectibles, quoi qu’on fasse. Donc je pense qu’effectivement, on souhaite s’améliorer sur l’aspect des lumières, du son sur scène, car en fait on ne s’est jamais entendus ou vus en live et on ne sait pas ce qu’on renvoit. Au final avec eux au synthé et moi à la basse et au lead, on est toujours flanqués pareil sans la possibilité de vraiment se déplacer pendant le concert. On attend d’avoir un live plus vivant, que moi j’aimerais voir. Je n’ai pas envie qu’on se dise qu’on est super à écouter mais qu’en concert les gens s’ennuient. On veux aussi rebooster les boîtes à rythmes avec Valentine pour les rendre plus percussives, c’est un travail en double avec la compo.

Avez-vous quelque chose à rajouter ?

Merci pour cette interview et cette résidence, merci de supporter les scènes locales qui en ont cruellement besoin; plus que jamais depuis qu’un de leur fiefs, Le Trokson, a brûlé, et que les subventions disparaissent jour après jour. Il faut reconquérir l’indé, donner envie aux gens de sortir et d’aller voir des concerts, et leur offrir autre chose que l’album-disque juste chanté par la personne sur scène.
Lula : Et pour tous les groupes qui sont dans cette veine wave, dark, witchy etc.. Contactez-nous, car on est absolument pas des ambassadeurs de ce milieu et on ne veut prendre la place de personne. Je vais me remettre à l’orga de concerts à partir d’avril 2020 avec mon asso La Dent Noire. Cette scène nous tient à coeur et j’ai envie de faire jouer des nouveaux groupes qu’on ne connait pas. On serait ravis de pouvoir les écouter et les aider car on est pas nombreux sur Lyon.

Venin Carmin sera en concert le vendredi 28 février aux côtés de Divine Shade. Infos et billetterie

TOITOI 28 FEV

Propos recueillis par Margaux Douillet.

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